Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Sommaire et Editorial du numéro 2016-3 de Psychologie & Education

Titre du n°2016-3 : Au-delà du savoir

Sommaire 2016-3

Virginie MARTIN-LAVAUD – Le monstre, un habitant des rêves de l’enfant, messager surprenant de l’accès à la réalité

Marie-Claude MIETKIEWICZ, Virginie BAUER, Luc JANSEN, Lise LEMOINE, Christophe LUXEMBOURGER, Madeleine OSTROWSKI, Benoit SCHNEIDER
– Les psychologues et quelques autres psys dans la littérature jeunesse


Emeline BARDOU
– Prévention du décrochage scolaire : comment une intervention auprès de lycéens illustre la nécessité d’intervenir précocement dans la scolarité

Franck FERCOT & Jean-Charles HOUILLON – Influence sur les performances scolaires à l’école élémentaire des buts induits par la présentation de la tâche, et de la sécurité des représentations d’attachement aux parents


LIBRE PROPOS : Monique COLASSE et Véronique LE MÉZEC
– L’insupportable à l’école – Nommer l’insupportable à l’école pour ne le supporter plus. Paroles d’adultes

Livres et revues

— –

Editorial 2016-3

Eté 2016, un nouvel acte terroriste survenu à Nice au moment des fêtes du 14 juillet, a été qualifié de monstrueux. Que dit le monstre ? Ou plutôt qu’agit-il ? Qu’agite-t-il en nous ? Y aurait-il quelque chose à entendre, à comprendre, à dire du monstre – ce qui n’est pas un équivalent d’acceptation – dans ce qui vient faire effroi, effraction, dans la vie partagée avec les autres. Le monstre a-t-il quelque chose à dire ? Est-il encore humain ? Nous ressemble-t-il ? Lui ressemblons-nous ? Qu’avons-nous d’autre que de tenter de trouver du sens à ce qui devrait nous enfermer dans la terreur, la sidération ? Ne sommes-nous pas condamnés à penser pour ne pas sombrer dans l’obscurantisme ? C’est ce que nous évoque l’article qui ouvre ce numéro d’automne écrit bien avant ces événements. Les autres articles éclairent chacun à leur tour le rôle du psychologue face aux enfants dans leur quotidien, confrontés à la difficulté scolaire voire à la démobilisation, aux « autrement que prévus ». Des déterminismes connus ne doivent pas être des fatalités mais l’occasion de proposer des aides qui ouvrent sur le sens et le respect du sujet.

C’est avec un article de Virginie Martin-Lavaud, une de nos collègues, psychologue clinicienne et docteur en psychologie que nous entamons ce numéro. Elle nous invite à penser autour du monstre et à comprendre sa fonction au sein de notre psychisme. Dans le rêve comme dans les dessins d’enfants ou dans la cure, celui-ci vient dire avec surprise quelque chose qui nous renseigne à propos d’un savoir inconscient. Elle repère d’abord dans la littérature une préscience de certains auteurs évoquant des forces venues d’un espace « hors maîtrise ». Issu du pulsionnel, éphémère, dans le psychisme normal, le monstre précède la parole.

Dans le second article Marie-Claude Mietkiewicz et ses collaborateurs psychologues-praticiens et enseignants-chercheurs de l’université de Lorraine nous proposent un répertoire analysé d’ouvrages de la littérature jeunesse. Leur propos est d’examiner comment la littérature jeunesse raconte le psychologue, quelles images elle en donne et comment elle peut contribuer à présenter ses fonctions. L’étude porte sur des livres s’adressant aux 3-11 ans où apparaissent des personnages de « psys ». Rejetés, aidants, utiles, moqués parfois, ils sont consultés pour des motifs divers. Les auteurs mentionnent les 30 ans de reconnaissance des psychologues en France, on retrouve parmi les « psys » ceux de l’école . Cette étude peut aussi servir à présenter le travail du psychologue à un enfant qui en aurait besoin.

Dans l’article suivant, le psychologue trouve sa place au sein d’un dispositif que nous présente Emeline Bardou, clinicienne. Elle rend compte d’une action de prévention du décrochage scolaire auprès d’élèves de seconde d’un lycée du Lot. Contre tout fatalisme, le phénomène est abordé comme un long processus où entrent en jeu des facteurs scolaires, familiaux, sociaux, et aussi la posture psychique du jeune. Le dispositif, appelé « Bulle dans la scolarité », consiste à proposer aux élèves des espaces d’écoute, animés par une professionnelle extérieure à l’établissement. Les objectifs de ces entretiens sont de travailler sur le sens de la scolarité en rendant l’élève acteur, de le valoriser, et de lutter contre la perte d’estime de soi. Un comité de pilotage composé de professionnels de l’établissement en lien avec des partenaires extérieurs évalue et ajuste mensuellement les aides concrètes à apporter au sein du lycée. La famille est partie prenante du travail mené. Les évaluations menées auprès des élèves eux-mêmes et des professionnels soulignent des effets positifs du dispositif et des améliorations à y apporter. Il en ressort que la prévention pourrait être plus précoce et concerner la liaison école-collège.

Franck Fercot et Jean-Charles Houillon, psychologues, examinent d’autres facteurs de la réussite scolaire. Au-delà des déterminismes sociaux, familiaux, ou liés directement à l’école, ils envisagent l’effet de la présentation de la tâche, et de la sécurité des représentations d’attachement aux parents sur la performance à l’école primaire : que l’on se réfère au cadre socio-constructiviste, à la linguistique, aux modèles néo-constructivistes ou aux fondements de la psychologie cognitive, l’école se heurte à la question du décalage compétences-performances et de l’évaluation, liée à celle de l’engagement et de l’efficacité des élèves en situations scolaires. Leur étude porte sur des élèves de CE2. Il s’en dégage une réflexion sur les évaluations et les approches didactiques. La prise en compte de l’attachement ne doit pas être considérée comme un déterminisme immuable. Une « compensation » est possible au travers de rencontres multiples notamment au sein de l’institution. Les membres de RASED et les psychologues de l’Education nationale peuvent aussi faire connaître l’effet nocif des buts de performance.

Le libre-propos qui conclut ce numéro fait vraiment écho aux articles précédents. Nous découvrons la présentation des résultats d’une enquête réalisée par deux de nos collègues, Monique Colasse et Véronique Le Mézec à l’occasion d’une participation de l’AFPEN à une table ronde à l’invitation du CIEN avec l’Association des Psychologues Freudiens à Paris en janvier 2014 sur la question C’est insupportable! »… mais, de quel insu portable s’agit-il? Les auteures ont abordé avec une trentaine de sujets adultes, donc dans l’après-coup de leur vécu d’enfant, la question de l’insupportable à l’école. L’impuissance, les valeurs, le rapport à l’autre sont les axes qui se dégagent de l’analyse clinique des réponses recueillies. Les auteures repèrent par exemple dans le discours des personnes qui se sont exprimées des aménagements défensifs liés à leur position actuelle d’adulte. Les conclusions tirées de leur travail les conduisent à envisager l’institution habitée par des professionnels et des usagers comme des sujets en interaction, recherchant pour chacun et pour tous un sens à leur être ensemble.

Bonne lecture !

Le comité de lecture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.