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Résumé du 10ème Forum des RASED

Le 10ème FORUM DES RASED  a bien eu lieu à Paris, à la bourse du travail,  le 4 décembre 2021 malgré la montée en puissance du nouveau variant COVID «Omicron». Cela n’a pas effrayé la centaine de personnes présentes ce jour là et les mesures sanitaires ayant été bien respectées, il n’y a pas eu de cluster!

Pour rappel, les trois associations professionnelles du RASED (AFPEN, FNAME, FNAREN) organisent  un forum depuis 2008, date à laquelle les RASED ont failli disparaître. Or, le dernier qui devait avoir lieu en 2019 puis 2020 n’a pu se faire en raison de  crises sociales ( gilets jaunes, grève des transport) et sanitaire et nous avons eu très peur d’avoir à annuler celui-là au dernier moment. Heureusement, ce forum «Bilan, questions et perspectives pour le RASED» qui se voulait un forum «anniversaire» et qui avait pour objectif de reprendre les différents thèmes abordés lors des précédents, a pu existé!

  1. Intervention de la FNAME

Le premier thème «La question de la médicalisation de la difficulté scolaire» a été abordé par la FNAME autour d’une table ronde avec Philippe MAZEREAU, sociologue, professeur émérite de l’université de Caen et appartenant au Comité scientifique de la FNAME, avec Bernard GOLSE, Pédopsychiatre de Paris Descartes, chef de clinique Necker, membre du laboratoire de psychologie clinique et de psychanalyse et animée par Louise TOURRET, journaliste et spécialiste des enjeux éducatifs, sur l’émission «Être et Savoir» de France Culture. Pour Philippe Mazereau, du point de vue socio-historique concernant les pratiques médico-éducatives en direction des enfants, la médicalisation est  le fait d’attribuer des pouvoirs et de conférer une haute valeur décisoire au corps médical. Les classifications des difficultés à l’école ont souvent alterné entre des phases de biologisation (en 1960, la débilité était  biologique et irréversible) et des phases purement pédagogiques où l’éducation était la seule valeur. La tendance à la médicalisation vient aussi de la  demande des familles d’enfants handicapés qui sont davantage à la recherche d’un diagnostic que d’aide éducative pour leurs enfants. Depuis la loi de 2005, le handicap a une définition légale et correspond à  une catégorie administrative. Or, le fait que le champ du handicap se soit  étendu à la sphère des «Dys» a entraîné une dérive techno-scientifique, avec un changement de modèle profond. Jusqu’alors, les difficultés étaient considérées comme des symptômes, alors qu’on considère aujourd’hui le champ du trouble endogène, propre à l’enfant, sans implication de l’environnement ce qui ne laisse plus de place à la famille, l’éducation et la pédagogie. Alors que les difficultés étaient traitées au sein de l’école, les ressources ont été enlevées aux  enseignants car ces difficultés sont considérées dorénavant comme ayant besoin de réponses spécifiques hors de la classe.

Le regard sociologique détermine 3 épidémies dans l’école:

– épidémie de débilité mentale (de 1,3% à 3,5 entre 1960 et 1975);

– épidémie de handicap depuis 2005 (vers 8% à 10% de la population);

– épidémie d’autisme depuis 2010.

Pour  Bernard Golse, la médicalisation ne facilite pas la vie des gens car la pédopsychiatrie est saturée surtout que la crise Covid a  rendu plus visible la pauvreté de l’hôpital, la difficulté d’accès aux soins et à la psychiatrie. Aussi, les  RASED ont une place stratégique, éducative et politique à l’école. Ils ne doivent pas être préemptés par la notion de handicap  car on se prive ainsi de tout l’espace de l’adaptation dans l’école.  De même, l’enseignant ne peut pas être réduit à un  répétiteur mais à celui qui regarde comment l’enfant pense.

2. Intervention de l’Afpen

L’AFPEN a ensuite abordé le thème de «l‘École maternelle, RASED et Prévention» avec Lucile GUIBAL, psychologue clinicienne  en ASE et  PMI  en Seine Saint Denis et membre du conseil d’administration de l’Association Nationale des Psychologues pour la Petite Enfance  ( ANAPSYPE).

Pour Lucile Guibal, l’enfant seul n’existe pas. L’enfant passe d’un monde à l’autre et quand il entre à l’école, il entre dans le grand monde, dans  la collectivité, et surtout dans la séparation d’avec la famille. Chaque enfant a sa singularité dans sa famille, son histoire, son corps, son jeu, sa place dans son quartier. Les parents confient leur enfant à l’école. Ils portent en eux une école imaginaire qui se confronte avec l’école réelle qui a son propre fonctionnement, ses modèles et ses programmes. L’enfant est appelé à intégrer deux lieux différents en embrassant des apports culturels distincts.Tout change pour lui: il se sépare, se révèle, s’inhibe, se contrôle, se développe, apprend (et parfois une nouvelle langue).Et dans  ce contexte, le psychologue EN est un passeur.

Maryse CHRÉTIEN, présidente de l’Association Générale des Enseignants des Écoles Maternelles laïques ( AGEEM) n’ayant pu être présente en raison du Covid, a proposé un texte qui a été lu par Christine DESAUBRY (administratrice AFPEN). Pour rappel, en 2008, lors de la mise en danger des RASED, l’AGEEM  a soutenu le collectif de défense contre leur démantèlement. Cela prouve s’il en était besoin l’engagement de l’AGEEM envers l’entité RASED, afin de bénéficier de regards croisés sur le jeune enfant-élève, de compétences d’écoute et d’échange avec les enfants, les familles, les équipes, pour des stratégies de dépistage précoce et une prise en charge rapide, gages de réussite de tous dans les apprentissages futurs. Les enjeux récents à l’école maternelle que ce soit la scolarisation obligatoire dès 3 ans, les expérimentations autour de l’évaluation des 3 ans (panel PS 2021) et les principes de l’école inclusive sont autant de raisons qui rendent plus que jamais nécessaires l’intervention des RASED à l’école maternelle.Le rôle des RASED dans le travail des équipes pour aider à accueillirles enfants de familles éloignées de la culture scolaire, ainsi que leurs parents est primordial. En effet, pour certaines familles, l’aide apportée lors de l’étape d’entrée à l’école, autant pour les parents que les enfants est indispensable pour vivre sereinement la séparation et l’entrée dans les premières expériences scolaires. Dans l’expérimentation « panel PS 2021 », le regard des membres du RASED sur ces évaluations est essentiel pour éviter les dérives.La participation du RASED aux équipes éducatives et aux ESS est nécessaire pour apporter des regards de spécialistes sur des problématiques très spécifiques. L’accès aux structures de soin (CAMSP, CMPP, orthophonie, psychomotricien, etc….) est de plus en plus difficile pour les familles, notamment les plus défavorisées, et nécessite un accompagnement au risque d’accroître les inégalités sociales, économiques. Le plan Vigipirate ainsi que les mesures sanitaires liées au COVID ont mis des freins majeurs à l’entrée des parents au sein des écoles et des classes, ce qui entrave le travail engagé de liaison école-famille dans un esprit de co-éducation. Les RASED constituent donc des relais précieux entre l’école et les familles durant les périodes de confinement, lors du retour en classe en présentiel ou en aidant à la verbalisation des difficultés liées à la mise en œuvre des mesures sanitaires en vigueur (port du masque, lavage des mains, etc.) notamment par leurs compétences d’écoute active.

3. Intervention de la FNAREN

Enfin, la FNAREN a abordé le thème de « l’accueil de la parole des enseignants: comment permettre l’élaboration et le changement?» avec Alain NOBLE ancien psychologue EN EDA  et psychanalyste, Sylva GODOUIN enseignante spécialisée en aide pédagogique et Laurence FOURTOUIL enseignante CAPASH G.

Le constat est que l’enseignant est en difficulté dans sa mission de pédagogue auprès de certains enfants. La mission du RASED est donc d’aider les équipes en mettant en avant la place centrale de la demande d’aide de l’enseignant qui peut être écrite ou orale lors des  concertations sur les temps de classe. Le passage à l’écrit de la demande d’aide est un passage à la réflexivité qui permet de formuler une demande ouverte et non pas une injonction de prise en charge. Il faut savoir différencier la demande manifeste versus la demande latente inassouvissable  qui est une demande d’amour et de reconnaissance de l’impossibilité de mener à bien sa tâche d’enseignant. Le  RASED  propose  un lieu de portage des situations en leur donnant une expérience partageable; temps de rencontre animés par un esprit d’équipe, centré sur un objet de travail, mais avec des capacités à penser de façons différenciées. Cependant, demander un écrit peut participer à un retrait de la demande…Or la frustration est une composante irréductible de la relation. L’équipe est instituée, elle ne se choisit pas; elle doit s’appuyer sur ses missions et son cadre, sur la pluri-professionnalité.

4. Table ronde

Une dernière table ronde, rassemblant les présidences des trois associations Laurent CHAZELAS pour l’AFPEN, Nathalie BAJOLLE pour la FNAME, François HARDUIN pour la FNAREN, a permis de faire le point sur les douze  années de résistance des RASED avec les points négatifs ( formation CAPPEI, rapport Wassemberg, manque de place au concours psy…) mais aussi les points positifs ( les RASED existent toujours et ont su montrer leur utilité lors de la crise sanitaire).

Conclusion:

Et pour conclure  Maryse METRA de l’AGSAS a su magnifié par sa synthèse ( que je vous invite à lire en intégralité sur le site) ce moment de partage par un Acrostiche du mot RASED. 

Pour elle, ce forum fut:

Revitalisantcar toutes les personnes qui sont intervenues étaient convaincues du bien fondé des actions des RASED dans l’école.

Accueillant, grâce à l’investissement des trois associations de professionnels pour que ce forum se déroule dans les meilleures conditions possibles malgré les conditions sanitaires.

Soutenant grâce à la présence des partenaires des RASED dans l’école et à l’extérieur de l’école. 

Éclairant car nous avons mis en avant la complexité des phénomènes d’apprentissage, mais aussi la complexité du sujet humain.

Dynamisant car nous repartons avec cette énergie partagée, nourrie d’apports pratiques et cliniques, et de rappels théoriques, mais aussi nourrie des valeurs que nous partageons.

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