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Psychologie & Education 2020-4

Éditorial

Ce numéro 2020-4 de Psychologie & Éducation sur la protection de l’enfance était prévu de longue date. Il a été reporté en raison de la crise sanitaire et des huit semaines de confinement, de mars à mai dernier, auxquels deux revues ont été consacrées. Le confinement, justement, a bien contrôlé la propagation du virus, mais dans le huis clos imposé aux familles, le télétravail ou l’absence de travail, la pression de l’école et la présence continue des enfants, parmi d’autres facteurs, ont démultiplié la violence. La réflexion que nous proposons dans ce numéro, trouve aujourd’hui toute son actualité.

Le comité de lecture
comite-lecture@afpen.fr
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SOMMAIRE

Mélanie DUPONT – Maltraitance chez l’enfant : quels enjeux psychologiques pour quelles réponses psychothérapiques
Entretien avec Sonia BENBELAÏD-CAZENAVE – Une gendarme à l’écoute des enfants
Pierre-Brice LEBRUN – Le dispositif français de protection de l’enfance
Information préoccupante ou signalement, l’importance du travail en amont – Entretien avec Marie Hélène GARDE
Témoignage et Pratique professionnelle
Christine DESAUBRY – James
Libre- propos
Élina CAIRE – Travailler comme orthophoniste en pédopsychiatrie sous Covid
Livres et Revues


Depuis quelques années, au fil des rapports, des lois et des réformes, la protection de l’enfance est devenue un enjeu politique majeur. « L’intérêt de l’enfant » est au cœur de la stratégie nationale qui engage l’État et les départements. Les intentions sont toujours louables et la volonté sincère, pourtant les statistiques toujours aussi saisissantes (1) . Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, témoigne de ces chiffres alarmants dans son communiqué (2) à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre 2020. On sait le manque de moyens pour la justice, les services sociaux, et aussi à l’Éducation nationale, en particulier pour la prévention et l’accompagnement des situations. Les professionnels et de nombreuses organisations, comme l’AFPEN, dénoncent régulièrement cette pénurie.

L’école est un lieu de vie qui s’inscrit parmi d’autres institutions dans la chaîne de la protection de l’enfance. Les professionnels, sollicités par des situations de maltraitance parfois complexes, travaillent à construire les réponses les plus justes pour l’enfant. Dans ce travail d’équipe, le psychologue a une position de « tiers ». Il joue un rôle au niveau de la prévention primaire, pour repérer les signaux dits « faibles » et engager un travail précoce avec les familles. Face aux situations devenues problématiques, il veille particulièrement à comprendre les signes (3) cliniques qui inquiètent, sans les banaliser ni les exagérer, et participe à l’observation d’enfants qui n’ont pas toujours « les mots pour le dire ». Il veille également au sentiment d’urgence qui s’infiltre dans l’équipe, quand l’action précipitée tente de mettre à distance la propre angoisse des professionnels. Il contribue aussi à la réflexion pour éviter la multiplication des procédures et leur judiciarisation.
Les six articles proposés font écho à l’intitulé du rapport (4) annuel de Claire Hédon, nouvelle Défenseure des droits, Prendre en compte la parole de l’enfant : un droit pour l’enfant, un devoir pour l’adulte.

Maltraitance chez l’enfant : quels enjeux psychologiques pour quelles réponses thérapeutiques ? Mélanie Dupont propose un texte dense, aux références multiples, sur la maltraitance et les voies de sa réparation. Elle parle de traumatisme complexe, de traumatisme relationnel, marqué par une souffrance psychologique globale. La relation thérapeutique, « base provisoire de sécurité » est à concevoir avec d’autres modalités d’aide : « l’enjeu des professionnels est de proposer une enveloppe contenante à multiples facettes…». Il y a la reprise de la vie, à l’école en particulier, qui apporte « une enveloppe » pour rétablir la confiance et ne pas abandonner.

Entretien : Une gendarme à l’écoute des enfants
Sonia Benbelaïd-Cazenave ouvre la porte de l’unité de gendarmerie qu’elle dirige, dédiée au recueil de la parole des mineurs. Les différentes procédures sont expliquées, les modes de saisine, les étapes et leur enchaînement… ainsi que la méthodologie de l’entretien avec l’enfant et le souci constant du respect de l’autre. Des exemples viennent ponctuer l’exposé, amenant des points de réflexions et de questionnements. La procédure se présente comme un cadre pour l’action en restant un cadre pour penser ce qui se passe.

Le dispositif français de protection de l’enfance
Pierre-Brice Lebrun met principalement en perspective deux axes qui organisent la protection de l’enfance. Celui des dispositifs : l’information préoccupante, du côté du social et le signalement, du côté du judiciaire ; chacun est précisé dans son cadre légal entre droit et action sociale. L’axe de ce qui relie parents et enfants montre comment les différentes mesures d’assistance éducative viennent soutenir les parents dans leur rôle éducatif, quand ils continuent à exercer l’autorité parentale.
Entretien : Information préoccupante ou signalement, l’importance du travail en amont.

Marie Hélène Garde apporte une réflexion de sa place de conseillère technique au service social en faveur des élèves, sur les démarches autour de l’information préoccupante et du signalement au départ de l’institution scolaire. Elle évoque les points de butées de leur mise en œuvre et l’importance du travail de partenariat entre l’école et le service social pour la prévention.

Témoignage et pratique professionnelle : James
Christine Désaubry présente l’histoire de James et de sa scolarité, chaotique dans ses débuts qui peu à peu se stabilise. À travers ce récit, nous pouvons appréhender comment l’exercice du métier de psychologue de l’Éducation nationale vient faire médiation entre la famille, l’équipe pédagogique et les services sociaux dans l’accompagnement de cette mère et de son fils aux prises avec une histoire familiale et sociale tragique.

Libre-propos : Travailler comme orthophoniste en pédopsychiatrie sous Covid
Élina Caire partage sa conception du soin psychique à travers sa pratique. Elle rappelle l’importance de ce qui se joue dans la relation qui va au-delà de la rééducation, et apporte une analyse sans concession du télétravail et des risques de sa généralisation. En toile de fond de ce texte engagé, il y a l’idée que notre « vision du soin est une émanation, pour ne pas dire un symptôme d’une vision du monde et de l’humain ». Le message envoyé par les politiques de santé, en particulier dans le milieu hospitalier, en est un exemple criant.

Le comité de lecture remercie les auteurs pour leur contribution et invite les lecteurs à se reporter à deux autres articles parus dans le numéro 2019-3 de Psychologie & Éducation, sur le thème de la protection de l’enfance (5) .

Martine Nonne Barrault


LIVRES ET REVUES

VILLARD, M. (2020). Autobiographie bibliographique. Linselles, Edilivre.
GOLSE B. (2020). Le bébé, du sentiment d’être au sentiment d’exister, Éditions Ères.
LEBRUN, P-B, DERVILLE, G. & RABIN, G. (2020). La protection de l’enfance en 25 notions. Paris, Dunod (4ème édition).
CONNAC, S., LEON, J-C., ZAKHARTCHOUK, J-M. (2020). Construire ensemble l’école d’après. Paris. ESF Sciences Humaines, Cahiers Pédagogiques.
Groupe de travail en lien avec le comité scientifique de la FNAME. Comparatif international des aides spécialisées. Document de synthèse, Mars 2019.
POTIN, E., HENAFF, G., TRELLU, H. (2020) Le smartphone des enfants placés. Quels enjeux en protection de l’enfance ? Éditions Ères.
LARRIEU, P. sous la direction de, (2020). Vivre sans. Villematier, Éditions Ères.
BATON-HERVE Élisabeth. (2020) Grandir avec les écrans, ce qu’en pensent les professionnels de l’enfance Ères.
BIOY Antoine ET LIGNIER Baptiste (2020). Clinique et psychopathologie de la douleur. Paris, Dunod.
MAVINGA LAKE D. (2019). L’Enfant sorcier et la psychanalyse. Ères.
COUM, D. (2020). Par-delà l’amour et la haine, dans les liens familiaux et le travail social. Villematier, Ères.


1- un enfant décède en France tous les cinq jours des mauvais traitements de ses parents ;
https://www.education.gouv.fr/mission-sur-les-morts-violentes-d-enfants-au-sein-des-familles-evaluation-du-fonctionnement-des-41450
2- https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/a-l-occasion-de-la-journee-internationale-des-droits-de-l-enfant-adrien-taquet
3- l’intervention de Clotilde Cammal, psychologue EN EDA lors du webinaire du 6 mai 2020 est à réécouter : https://www.afpen.fr/-Ressources-pour-le-deconfinement-.html
4- https://www.jeunes.gouv.fr/spip.php?article9576
5- VIALETTES, D. & AMAT, F. (2019). Enfant pensé, sujet pensant : la protection de l’enfance facilite-t-elle la construction psychique de l’enfant ? Psychologie & Éducation. N° 2019-3.
CAMMAL, C. (2019). Étude sur la rédaction d’information préoccupante des enfants maltraités au sein de l’Éducation nationale. Psychologie & Éducation. N° 2019-3

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